Le développement du langage

 

Article trouvé sur le site naitreetgrandir.com

 

Le développement du langage chez l'enfant de 1 an à 3 ans

 

Les habiletés de communication des enfants commencent à apparaître dès le début de leur vie. Durant les 12 premiers mois les bébés apprennent à communiquer et découvrent les sons de leur langue. Ils « s’entraînent » à les utiliser en babillant. Vers 12 mois, ils commencent à utiliser des mots simples. De 18 à 24 mois, on assiste souvent à une explosion du vocabulaire. C’est à partir de ce moment que les enfants commencent à construire de petites phrases.

 

Comment l’aider à progresser ?

 

Voici quelques conseils et activités visant à favoriser le développement des habiletés langagières de votre enfant de 1 an à 3 ans.

 

De 12 à 18 mois

 

Les enfants de 12 à 18 mois utilisent des mots simples pour indiquer les choses qu’ils voient et pour exprimer ce qu’ils veulent (par exemple, « encore »).

À cet âge, les jeunes enfants aiment souvent regarder des livres, particulièrement ceux qui présentent des illustrations très colorées.

Lorsqu’on leur lit une histoire ils peuvent participer en montrant les images qui correspondent aux mots nommés ou en les nommant eux-mêmes.

 

Ce que vous pouvez faire :

 

Répétez ce que dit votre enfant et montrez-lui ou donnez-lui l’objet qu’il nomme ; par exemple, en lui donnant du lait, dites « Oui, c’est le lait! ». Cela lui indiquera que vous comprenez ce qu’il dit. Il saura également que vous accordez de l’importance à ce qu’il dit et que ses efforts pour communiquer donnent des résultats.

 

Complétez les mots ou les phrases de votre en enfant en ajoutant un élément; par exemple, s’il dit « pomme », dites « Oui, une bonne pomme! », ou s’il dit « bonne pomme », dites « Oui, tu manges une bonne pomme ».

 

En ajoutant des mots, vous lui apprenez à se servir de ceux-ci.

 

Conservez un journal des mots que votre enfant dit pour vous aider à suivre l’enrichissement de son vocabulaire au fil du temps et vous émerveiller de ses progrès !

 

Lisez des histoires courtes composées de phrases rythmées, comme des comptines ou regardez des livres aux illustrations simples et colorées qui représentent des objets ou des personnages qui intéressent votre enfant. Cela l’aidera à apprendre les mots et les sons.

 

Modifiez votre voix et variez vos expressions faciales lorsque vous lisez une histoire à votre enfant.

 

Faites aussi souvent des bruits; par exemple, montrez l’image d’un animal et imitez le cri de celui-ci. Cela vous aidera à retenir l’attention de votre enfant, tout en rendant l’activité intéressante pour lui. Laissez-lui aussi de la place pour qu’il fasse des sons et dise des mots.

 

De 18 à 24 mois

 

À cette étape, le vocabulaire de l’enfant augmente souvent rapidement. Cette période est d’ailleurs parfois appelée « l’explosion du vocabulaire ». Si vous tentez de vous rappeler tous les mots que votre enfant est maintenant capable de dire, vous allez trouver cela de plus en plus difficile ! Durant cette période, votre enfant sera capable de dire environ 50 mots (mais, il en comprend beaucoup plus).

 

Lorsque les tout-petits disent plusieurs mots, ils commencent à construire des phrases de 2 mots comme « balle papa ».

 

Ils apprennent aussi à dire un peu plus clairement les mots, même si certains sons restent difficiles à prononcer pour eux.

 

À ce stade, il n’est pas rare qu’ils montrent du doigt des images, dans les livres, et qu’ils nomment et commentent brièvement ce qu’ils voient.

 

Ce que vous pouvez faire

 

Regardez des livres avec lui et lisez-lui des histoires aussi souvent que vous le pouvez. Essayez de lui trouver des livres illustrés qui représentent une action par page; ce sont les meilleurs ouvrages pour cet âge.

 

Commentez souvent les mots de votre enfant; par exemple, s’il dit « chat », répondez : « Oui, c’est un chat noir. » Cela le prépare à utiliser les mots qu’il connaît pour construire des phrases plus longues, même s’il ne sait pas encore s’y prendre tout seul. Cela lui permet aussi de se sentir écouté et intéressant.

 

Essayez d’interpréter le sens de ses phrases de 2 mots, comme « ouvrir porte ». Si votre réponse « Oui, la porte de la chambre est ouverte » le déçoit, c’est peut-être qu’il essayait de vous communiquer une autre idée. Proposez alors une autre interprétation, par exemple : « Tu veux ouvrir la porte d’entrée? ». Cela lui donne un modèle de phrase et il sent en même temps que vous tentez de le comprendre.

 

Attirez son attention sur le nom de choses qui se trouvent chez vous ou aux alentours de votre maison lorsque vous vous baladez dehors (dites, par exemple : « C’est un arbre, un oiseau, un chien... »).

 

Nommez ce qu’il montre ou regarde avec intérêt. Félicitez-le lorsqu’il répète le mot en question, mais ne le forcez pas à le faire.

 

De 2 à 3 ans

 

À ce stade, les enfants commencent à comprendre des notions plus abstraites; par exemple, ils comprennent la différence entre « haut » et « bas » ou « grand » et « petit ».

 

Ils sont également capables de suivre des directives, comme : « Va chercher la balle et lance-la-moi. »

 

De plus, ils utilisent fréquemment des phrases de 2 ou 3 mots pour s’exprimer, comme: « Papa prend balle », et pour poser des questions, comme : « Est où maman? ».Les personnes qui sont proches des enfants comprennent leurs « phrases » la plupart du temps.

 

Les enfants prononcent généralement plusieurs sons correctement vers l’âge de 3 ans.

 

Pendant cette période, les enfants peuvent mieux comprendre des histoires simples dans des livres. Ils peuvent répondre à de petites questions qu’on leur pose au fil de la lecture; par exemple : « Où est la maman? », « Qui est là? », «Qu’est-ce qu’il fait, le papa?».

 

Ce que vous pouvez faire :

 

Écoutez-le lorsqu’il joue seul ; parle-t-il ? Ses petits monologues peuvent vous renseigner sur ce qu’il pense et ressent et sur ce dont il aime parler.

 

Montrez à votre enfant que ce qu’il dit vous intéresse et donnez-lui en même temps un modèle en répétant ce qu’il dit ou en allongeant ses phrases.

 

Lui parler l’aide à construire son vocabulaire, mais aussi à comprendre le rôle des choses qui l’entourent et à organiser le monde dans sa tête; par exemple, montrez-lui une brosse à dents et dites-lui : « C’est une brosse à dents. Tu te laves les dents avec une brosse à dents. »

 

Regardez ensemble des photos de famille et utilisez des phrases simples pour décrire ce qui est montré, comme: « C’était la fête de Sarah. » Cela l’aidera à mieux comprendre son univers et la place qu’il y occupe.

 

Regardez souvent des livres qui comportent de petites histoires. Posez-lui des questions sur ce qui est raconté. Lisez avec lui et non à sa place.

 

Souvenez-vous que tous les enfants apprennent à maîtriser le langage à leur propre rythme - certaines de leurs capacités se développent tôt, et d’autres, plus tard. Si jamais vous vous faites du souci à propos d’un aspect de l’acquisition du langage de votre enfant, parlez-en avec son médecin.

 

 

 

RÉFÉRENCES

Révision scientifique : Marie-Ève Bergeron Gaudin, orthophoniste, M. Sc

 

Recherche et rédaction : Équipe Naître et grandir

BEAUCHEMIN, Maryse, Sylvie MARTIN et Suzanne MÉNARD. L’apprentissage des sons et des phrases : un trésor à découvrir. Cité de la Santé de Laval, Laval, 1999.

DAVIAULT, Diane. L’émergence et le développement du langage chez l’enfant. Chenelière Éducation, Montréal, 2011.

PEPPER, Jan et Elaine WEITZMAN. Parler, un jeu à deux : un guide pratique pour les parents d’enfants présentant des retards dans l’acquisition du langage. The Hanen Program, Toronto, 2004.

 

Photo Istock

Troubles du langage

Article trouvé sur le site "lesprosdelapetiteenfance.fr" à l'attention des professionnels de la petite enfance.

Mutisme sélectif : ces enfants qui ne disent pas un mot de la journée :

 

Il arrive que des enfants ne disent pas un mot la journée au sein du lieu d’accueil et qui, à l’inverse, sont de véritables moulins à parole dès qu’ils se retrouvent en famille. Comment expliquer un tel décalage ? Que pouvez-vous mettre en place pour les aider ? Les conseils d'Héloïse Junier, psychologue en crèche.

 

Julia est une petite fille de 3 ans bavarde, vive, joyeuse et espiègle, comme une majorité des petites filles de son âge. Elle adore parler, poser des questions, écouter des histoires, jouer avec les mots. Pourtant, à la crèche où elle est accueillie depuis ses 18 mois, elle ne dit pas un mot, pas un seul. Lorsqu’une professionnelle lui pose une question, elle n’y répond même pas. Elle se fige, le regard fuyant. C’est à peine si elle esquisse un sourire lorsqu’elle est heureuse. Au sein de la section, en présence des autres enfants et des professionnels, c’est comme si elle était « éteinte », dans une forme d’auto-contrôle permanent, retenant ses mots mais aussi ses émotions de joie, de peur, de colère. Or, au moment même où elle passe la porte de la section avec ses parents, pour récupérer ses affaires dans le couloir, elle se transforme en véritable moulin à paroles, comme si de rien n’était. Le contraste est à peine croyable. Comment expliquer un tel décalage de comportement entre la maison et la crèche ? Julia souffre de mutisme sélectif, un trouble anxieux assez rare. Elle aimerait bavarder, s’exclamer et rire à pleins poumons comme les autres enfants, mais elle n’y arrive pas. Ce n’est pas qu’elle ne veut pas, c’est qu’elle ne le peut pas. Elle se sent trop en insécurité, apeurée, anxieuse pour y parvenir. En restant silencieuse, elle réduit son anxiété, ce qui la plonge dans un véritable cercle vicieux.

 

Un trouble anxieux assez rare

 

Par définition, le mutisme sélectif est une incapacité persistante, qui dure plus d’un mois, à parler dans une ou plusieurs situations sociales (à la crèche ou à l’école, le plus souvent) alors même que l’enfant est en capacité de parler dans d’autres situations (à la maison, notamment) . D’après les rares études qui portent sur ce trouble, seuls 1% des enfants seraient concernés, et majoritairement des filles. Toutefois, il est fort probable que ce trouble soit largement sous-diagnostiqué tant les cas de mutisme sélectif sont facilement niés ou banalisés par l’entourage : « il est juste timide, il finira bien par parler quand il sera prêt, laissez-le donc tranquille ! ». Les recherches soulignent que ce trouble est particulièrement fréquent chez les enfants de familles immigrées qui parlent à la maison une langue différente de celle parlée à l’extérieur. D’autres études mettent en lumière la présence fréquente d’un terrain génétique défavorable chez ces enfants : on retrouve la plupart du temps chez leurs parents - ou leurs grands-parents - des profils timides, anxieux ou encore introvertis, taciturnes. En complément de cette prédisposition génétique, on rencontre chez ces enfants des facteurs environnementaux aggravants : leur famille a par exemple toujours privilégié un mode de vie solitaire, clanique, multipliant peu les contacts sociaux. Des cas de mutisme sélectifs s’observent d’ailleurs à la suite d’un déménagement, d’un changement d’école, d’une rupture familiale, etc. Dans certains cas, le mutisme sélectif s’inscrit dans une symptomatologie plus large telle qu’un trouble ou un retard du langage, un trouble du développement psychomoteur ou encore une déficience intellectuelle.

 

Plus tôt il est pris en charge, meilleures sont les chances d’évolution de l’enfant

 

Dès lors, en tant que professionnel de la petite enfance, comment pouvez-vous venir en aide à cet enfant ? La toute première étape est de ne pas banaliser cette absence de parole. L’idée, bien entendu, n’est pas de poser un diagnostic mais de faire part de vos inquiétudes au psychologue et au médecin de l’établissement. Toutes les études s’accordent à dire que plus tôt ce trouble est identifié et pris en charge dans le lieu d’accueil, meilleures sont les chances d’évolution de l’enfant. On conseillera à la famille d’exposer leur enfant à un maximum de situations sociales nouvelles dans la limite de son confort : des séjours chez les grands-parents, des balades avec les cousins et les cousines, des virées au parc pour enfants, des goûters chez des copains, des dîners entre amis, etc. Plus l’enfant sera exposé à une vie sociale riche et agréable, plus il se sentira confiant en collectivité et avec les inconnus, et plus il aura de chances de sortir de son mutisme. C’est le même principe que pour un enfant qui serait phobique des chiens par exemple : plus il sera en contact avec des chiens dans de bonnes conditions, plus il comprendra que les chiens ne sont pas dangereux, moins il en aura peur et donc moins il les évitera.

 

Expliquez à l’enfant que vous êtes là pour l’aider et que vous ne le forcerez jamais à parler

 

Votre objectif premier n’est pas de faire parler l’enfant mais de mettre en place un environnement qui diminuera son anxiété. Tout d’abord, il est essentiel que vous parveniez à créer une relation de confiance avec lui. Conservez coûte que coûte une attitude bienveillante et compréhensive à son égard. Expliquez-lui que vous voulez l’aider, que vous comprenez que c’est difficile pour lui de ne pas réussir à parler et que vous ne le forcerez jamais à parler. Bien sûr, n’insistez pas pour qu’il dise « bonjour », « au revoir », « s’il te plaît » ou « merci ». Evitez également de lui demander de parler ou de chanter devant les autres enfants sans quoi sa peur risque de s’intensifier et son mutisme de se renforcer. Privilégiez des activités de jeu ou de lecture en petits groupes en invitant si possible un autre enfant avec lequel il a des affinités. Enfin, veillez à le faire participer à la vie du lieu d’accueil sans qu’il ait besoin de parler (comme par exemple distribuer les bavoirs, aller chercher les crayons de couleurs, apporter une boîte de jouets, etc.). Ces activités lui permettront peu à peu de s’intégrer au lieu d’accueil autrement que par la parole.  

 

Invitez les parents à jouer avec leur enfant

 

L’expérience montre que la stratégie la plus efficace pour aider un enfant à parler en crèche (ou bien à l’école) repose sur la collaboration étroite entre l’équipe de professionnels et les parents. Ces derniers sont des partenaires privilégiés car c’est souvent en leur seule présence que leur enfant se sent suffisamment à l’aise pour s’exprimer ! L’objectif est de croiser au maximum la vie familiale de l’enfant (où il se sent très à l’aise) avec le lieu d’accueil (où il ne sent pas encore assez à l’aise pour parler). Pour cela :

• Proposez aux parents de vous apporter des livres et des jouets de la maison que leur enfant aime tout particulièrement (vous prendrez quelques minutes pour les lire avec l’enfant en tête à tête le matin, puis pour les lire aussi avec le reste du groupe la journée)

•  Invitez les parents à passer du temps dans la section le matin (ou le soir) avec leur enfant, si possible sur un temps/ espace où il y a le moins d’enfants et d’adultes possible. Demandez-leur d’amener un livre ou un jeu avec lequel ils ont l’habitude de jouer avec leur enfant à la maison. L’idée étant que l’enfant parvienne à se détendre dans cet espace-temps. Progressivement, vous pourrez vous greffer à leur temps de jeu, puis inviter l’un des copains de l’enfant, puis d’autres enfants du groupe. Le cercle sera agrandi peu à peu.

Plus tôt vous mettrez en place l’ensemble de ces stratégies au sein du lieu d’accueil, plus vous éviterez que ce mutisme s’installe dans le répertoire comportemental de cet enfant. Selon le profil de l’enfant et la pertinence de l’accompagnement des adultes, ce mutisme sélectif dure en moyenne entre 2 et 12 ans dans la vie d’un enfant. De par votre bienveillance et vos interventions, vous mettez donc toutes les chances du côté de cet enfant pour que son mutisme ne s’installe pas et que sa scolarité future ne soit pas impactée. Bravo ! Maintenant, c’est à vous de jouer !

 

L’association « Ouvrir la voix » est à votre disposition :

L’association « Ouvrir la voix », groupe d’entraide et d’information sur le mutisme sélectif, est là pour vous conseiller et vous orienter. Vous pouvez les contacter sur leur site https://ouvrirlavoix.fr/ ou via leur mail ouvrirlavoix@gmail.com. Ils vous adresseront par mail un programme qui permet d’encourager progressivement l’enfant à s’exprimer dans le lieu d’accueil. En complément, la lecture « Aider son enfant à surmonter le mutisme sélectif. Guide pratique pour surmonter la peur de parler » (Chronique sociale, 2011) vous sera précieuse.   

 

Article rédigé par : Héloïse Junier

PUBLIÉ LE 14 MAI 2020

MIS À JOUR LE 17 AOÛT 2021